lundi 2 janvier 2012

ZATHURA de JON FAVREAU (2005)


ZATHURA de JON FAVREAU (2005)

Danny (Jonah Bobo) âgé de 6 ans et son frère Walter (Josh Hutcherson), 10 ans, ne cessent de se chamailler et de vivre dans la rivalité, tentant constamment de s'accaparer l'attention de leur père (Tim Robbins) très occupé par son travail et qui a bien du mal à gérer le tempérament de ses deux fils, peu aidé de plus par sa fille Lisa (Kristen Stewart), grande sœur des deux frères ennemis, une adolescente superficielle peu intéressée par ce genre de responsabilités.

C'est après avoir été enfermé par Walter dans la cave de leur foyer que Danny va découvrir un vieux jeu de société spatial mécanisé nommé ZATHURA, qu'ils vont tous deux se mettre à y jouer malencontreusement, voir leur doux foyer se retrouver propulsé dans l'espace et faire l'expérience des règles particulières imposées : chaque lancer de dés les oblige à tirer une carte et les confronte à une épreuve qui prend vie, que ce soient des météores, un robot détraqué, un astronaute (Dax Shepard) s'invitant chez eux ou encore une attaque d'extraterrestres en manque de chair fraîche!

Une fois commencée, les règles imposent également que la partie soit terminée par ceux qui l'ont commencée jusqu'à ce qu' un gagnant soit désigné, sans cela il erreront à jamais dans l'espace....

Les deux jeunes frères vont devoir mettre leurs conflits de côté, apprendre à s'entraider afin de survivre aux différentes épreuves du jeu et mettre fin à cette partie s'ils veulent retrouver leur planète, leur père et restaurer les choses!


C'est avec beaucoup de réserve et suite à sa réédition en Blu ray que je me suis enfin décidé tardivement à visionner ZATHURA, notamment car le film ne bénéficie pas de beaucoup de popularité auprès de la communauté fantasticophile dont les membres m'ont souvent évoqué le film de Jon Favreau comme étant uniquement une resucée de JUMANJI de Joe Johnston, basée sur le même concept et utilisant le même procédé narratif.

C'est en voulant me renseigner plus en avant sur la véritable qualité de ZATHURA que je me suis rendu compte que finalement peu de cinéphiles l'avaient vraiment vu, refrénés eux-mêmes par des a priori plus ou moins légitimes concernant l'intérêt limité de cette fausse-vraie suite de JUMANJI qui plus est réalisée par un metteur en scène pas forcément réputé pour avoir une identité forte, Jon" IRON MAN" Favreau et sans grosse star au casting au contraire de son modèle qui s'offrait les services de l'excellent Robin Williams.

Grosso modo, le film est souvent vendu et taxé comme un "JUMANJI dans l'espace", et en majorité descendu en flammes par les critiques car considéré comme un copier-coller trop proche du métrage de Joe Johnston... Même si cette présentation sommaire n'est pas totalement fausse, cela reste tout de même un tort tant les deux métrages diffèrent dans leur traitement de l'histoire et leur aspect artistique, tant ZATHURA surpasse haut la main son modèle d'origine et s'avère même être une relecture nettement plus intéressante cinématographiquement!

Il ne m'en a pas fallu plus pour revoir JUMANJI en Blu ray (Qui m'a à ma grande surprise déçu alors que je considérais jusqu'alors ce dernier comme un excellent divertissement) suivi de prêt d'une projection de ZATHURA en haute définition afin de voir si tous ces on-dit s'avèrent vraiment justifiés!

Mode réhabilitation activé!


Dès les premières minutes nous sommes donc plus ou moins en terrain connu, Favreau tenant compte intelligemment de ce fait installe ses scènes d'expositions très vite (au contraire de JUMANJI qui peinait à démarrer, ce qui est compréhensible) en présentant les principaux protagonistes de l'histoire, à savoir Danny, un petit bout de chou de 6 ans, à peine plus haut que trois pommes qui vit un peu dans l'ombre de son frère aîné Walter, un garçon de 10 ans au caractère fort et dédaigneux juste-ce-qu'il-faut comme tout grand-frère qui se respecte, plutôt porté sur les activités physiques au contraire de Danny, sans oublier Lisa, stéréotype de la grande sœur adolescente en mal d'indépendance qui supporte tant bien que mal le reste de sa famille en les ignorant simplement royalement.

Les rapports fraternels sont très vite établis via des séquences de la vie courante montrant les deux frangins se disputer inlassablement, s'opposant dans des conflits perpétuels et futiles, essayant de prouver constamment que l'un vaut mieux que l'autre afin de s'accaparer l'attention de leur père divorcé qui peine à concilier vie de famille et boulot, même si malgré cette rivalité apparente ils n'en restent pas moins des frères, les liens du sang et leur place dans la cellule familiale étant également bien détourés et installés, juste ce qu'il faut pour appréhender la suite du métrage où ces traits serviront évidemment les enjeux dramatiques exacerbés en situation de crise.

On retrouve donc immédiatement les repères et les thématiques chers à l'auteur et illustrateur Chris Van Allsburg à l'origine des ouvrages pour enfants dont sont tirés JUMANJI et ZATHURA (d'où la filiation entre les deux films), qui loin des standards habituels de ce type d'œuvres destinées aux plus jeunes se sert souvent du cadre de l'enfance pour aborder et développer des éléments nettement plus matures sur les rapports difficiles liés aux conflits au sein de la cellule familiale, dans JUMANJI ceux opposant le fils et le père, ici ceux opposant les deux frères.


C'est justement suite à une rixe entre les deux frères que le petit Danny va se retrouver malgré lui dans la cave de la résidence familiale et tomber sur une boîte de ZATHURA, un jeu de société spatial à l'aspect rétro, qu'il va proposer ensuite à Walter d'y jouer et que le film va entrer de plain-pied dans sa partie ouvertement ludique et divertissante, en enchaînant à l'écran des séquences d'action plus aventuresques et spectaculaires les unes que les autres, chaque case du jeu devenant un danger potentiel réel qui va prendre vie et menacer nos deux jeunes héros, que ce soient une pluie de météorites qui dévaste le salon, une gravité altérée ou un robot détraqué devenu fou qui démolit tout sur son passage et tente de tuer le jeune Walter!

Mieux, la maison où ils vivent est littéralement projetée physiquement dans l'espace durant la partie, en plein milieu des étoiles et de la Voie Lactée, conférant au film une sensation dépaysante de huis clos intergalactique inédit, et même carrément inquiétant quant au devenir des enfants livrés à eux-mêmes et coupés du monde réel, au contraire de JUMANJI qui plantait son décor dans un environnement contemporain familier à l'échelle urbaine qui se retrouvait infesté par les créatures invoquées via le jeu.

En moins d'un quart d'heure le film installe donc solidement la trame, les règles du jeu et son fonctionnement particulier et s'offre même des éléments scénaristiques surprenants et amusants, comme le fait que la grande sœur Lisa en charge de la garde de ses jeunes frères (d'ailleurs totalement ignorante sur la situation et s'apprêtant même naïvement à un rendez-vous amoureux dans la salle de bain) se retrouve inopinément cryogénisée et transformée en statue de glace!


Cette idée ingénieuse va donner lieu à des passages pour le moins cocasses, les deux frères benjamins censés être sous sa tutelle le temps de la soirée tentant alors de la préserver vaille que vaille des divers dangers liés au jeu, se retrouvant à veiller sur elle inversant les rôles préétablis, la baby-sitter devenant celle qu'il faut alors surveiller. Une fois de plus, c'est en mettant nos jeunes héros en situation de crise au sein de leur foyer sans adulte pour les guider que les enjeux dramatiques et thématiques se développent à l'écran, ici celui de la responsabilité d'autrui, du devoir de faire face aux conséquences dont sont responsables les enfants qui n'auront pas d'autres choix pour restaurer les choses que de finir la partie avec tout ce que cela implique de dangers à affronter et de collaborations obligatoires.

On pourrait se dire à ce stade de l'histoire que l'aventure va vite atteindre ses limites, que cette suite de péripéties va vite lasser (c'était le cas dans JUMANJI qui finissait par devenir redondant), mais une fois de plus un nouvel élément va venir chambouler la donne : l'intrusion impromptue d'un nouveau personnage, un mystérieux astronaute à la dérive dans l'espace délivré via une case du jeu de son sort peu enviable et visiblement très expérimenté concernant les diverses menaces auxquelles nos héros sont confrontés.

Je ne dévoilerai pas l'identité dudit astronaute, mais ZATHURA exploite avec beaucoup plus d'intelligence l'idée déjà présente dans JUMANJI de faire intervenir un adulte qui a précédemment déjà fait l'expérience du jeu, avec beaucoup plus de légitimité narrative, sa présence étant de plus parfaitement appropriée compte tenu de son implication émotionnelle et du rôle majeur qu'il joue dans l'histoire.


Ce personnage va dans un premier temps s'affairer à aider les enfants mais va vite s'avérer être un élément clef très intéressant concernant les relations conflictuelles entre les deux frères, va interférer afin d'arrondir les angles et pousser les héros à faire les bons choix moraux, à dépasser et relativiser leurs différends et à se respecter mutuellement en tant que membre d'une famille à part entière.

ZATHURA va alors dans sa dernière partie culminer dans un savant mélange d'action décomplexée et de magie traditionnelle du genre faisant intervenir l'assaut de la maison par des extraterrestres carnivores particulièrement menaçants et mener à un dénouement sur l'importance des liens familiaux, sur le fait qu'il faut chérir ses proches et prêter attention à ce que l'on souhaite à tort parfois en faisant preuve d'égoïsme (qui n'a jamais souhaité sous l'effet de la colère que son frère ou sa sœur ne soit jamais né(e)) et faire maturer nos deux jeunes héros.

L'autre surprise du film vient de ses effets spéciaux magnifiques qui préfèrent faire la part belle aux SFX traditionnels à l'ancienne en prise de vue réelle plutôt qu'aux effets numériques (utilisés ici néanmoins çà et là avec parcimonie) que ce soit pour animer un robot devenu fou (rappelant Robby le robot de PLANÈTE INTERDITE et qui s'offre la voix de Frank Oz!), des vaisseaux spatiaux (au look qui n'est pas sans rappeler ceux de FLASH GORDON) ou encore des créatures extraterrestres voraces, les fameux Zorgons (véritables hommages visuels à celles du cultissime DARK CRYSTAL) admirablement créés et prisent en charge par l'atelier du regretté Stan Winston déjà responsable des gigantesques dinosaures de JURASSIC PARK ou encore des effets impérissables de TERMINATOR 2.


À ce sujet, l'effet le plus saisissant concerne le personnage interprété par Kristen Stewart, Lisa, qui se retrouve durant une grande partie du film cryogénisée, remplacée alors sur le plateau par une réplique exacte de glace de la belle actrice qui laisse bouche bée tant elle est criante de vérité, magnifiquement sculptée et copie en tout point conforme de son modèle de chair et de sang, presque vivante et rendant quasi-impossible, même pour un œil entraîné,  de faire la différence entre la statue et l'actrice.

L'aspect général du film gagne de ce fait énormément en chaleur en faisant de plus constamment référence aux fleurons de la culture S.F passés qui ravira les spécialistes du genre, le point de vue et les choix de Jon Favreau (éblouit par les effets et l'imagerie de la première trilogie STAR WARS) ayant de toute évidence eu un impact considérable sur l'approche globale du look de ZATHURA, le réalisateur favorisant systématiquement les maquettes à l'ancienne, les maquillages traditionnels et les effets pyrotechniques réels plutôt que de succomber à la facilité du tout numérique-sans-âme, conscient qu'il confère à son métrage en utilisant ces méthodes une patine et une ambiance qui n'est pas sans rappeler certains vieux film comme EXPLORERS ou  L'AVENTURE INTÉRIEURE.

En plus de s'offrir toutes les qualités énumérées plus haut, ZATHURA affiche de plus un casting soigné malgré l'absence de star réelle (Tim Robbins jouant le père n'apparaissant que quelques minutes à l'écran) à commencer par les interprètes de Danny et Walter, respectivement Jonah Bobo et Josh Hutcherson (déjà remarquable dans LE SECRET DE TERABITHIA où il donnait la réplique à Anna Sophia Robb) qui malgré leur jeune âge font preuve d'un talent exceptionnel et d'une véracité incontestable, Favreau (lui-même acteur rappelons-le) les utilisant intelligemment, leur laissant imprégner leur propre rythme et s'exprimer avec beaucoup de naturel et de liberté à l'écran.


Kristen Stewart (pas encore auréolée du succès de la saga TWILIGHT) vole la vedette à chacune de ses apparitions par son talent inné malgré un rôle pas forcément évident à mettre en lumière, celui d'une adolescente superficielle imbue d'elle-même et s'avère franchement hilarante à chacune de ses rares interventions (on ne connaissait pas cet aspect du jeu de la jeune femme), le personnage étant de plus cryogénisé durant la moitié du film il n'était pas facile de tirer son épingle du jeu, mais pourtant la future héroïne de TWILIGHT y parvient sans difficultés.

ZATHURA est donc un film beaucoup trop sous-estimé selon moi, nettement plus efficace et charmant que les blockbusters que l'on tente de nous vendre habituellement et presque plus réjouissant que son modèle JUMANJI (le film de Johnston a sacrément vieilli et s'avère beaucoup moins rythmé), parsemé de belles séquences à la photographie chaleureuse très belle qui plus est appuyée par des effets traditionnels épatants voire tétanisants (Lisa cryogénisée), remarquablement et honnêtement interprété, mené à un rythme extrêmement soutenu, et parcouru de thématiques intéressantes sur l'enfance malgré de nombreux défauts, dont une musique trop impersonnelle de John Debney, une réalisation qui manque cruellement d'envergure mais diablement efficace comme souvent avec Favreau et les deux dernières minutes qui concluent le film de manière beaucoup trop expéditive.

Un film à réhabiliter de toute urgence, certes destiné en premier lieu aux plus jeunes mais qui ne mérite certainement pas toutes les critiques assassines qu'il a subi, et qui est de plus maintenant disponible chez nous en Blu ray en double feature avec JUMANJI (à revoir avant pour vous rendre compte à quel point le film de Johnston a subi les affres du temps!) et qui s'offre un transfert magnifique aux couleurs pétantes (au contraire de JUMANJI malheureusement qui bénéficie d'une image catastrophique à peine supérieure à la version sortie en dvd) et est-Ô surprise- accompagné d'énormément de suppléments dont des interviews de Stan Winston sur les effets spéciaux ainsi que de l'intégralité du casting... Le tout vendu aux alentours d'à peine 15 euros!


Visuel de l'édition Blu ray Française


NOTE GLOBALE : 15/20

DÉDICACE À PHILIPPE ASTRUC ET BRUNO DUSSART

Luke Iron Mars

6 commentaires:

  1. Hello Luke,
    ta plume pertinente fait toujours merveille, même si ces deux films ne sont pas trop ma came, je tiens, une nouvelle fois, à te féliciter pour ton blog. En attendant de pouvoir t'écouter dans notre émission... pour info, ton palmarès est cité dans notre émission d'aujourd'hui : http://culture-prohibee.blogspot.com/2011/12/dans-culture-prohibee-ce-mardi-03.html.
    Je t'adresse mes meilleurs voeux pour 2012.

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  2. Merci pour la dédicace Luke, j'essaierai de le voir au plus vite. Par contre, je ne savais pas qu'il y avait Kristen Stewart dedans !

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  3. @Hanzo : Alalala, Hanzo, tu me fais le plus beau cadeau de ce début d'année avec ton commentaire!
    Je suis extrêmement touché et il me tarde de commencer et de rejoindre l'équipe de rêve dans cette belle émission!
    Un énorme merci, et tous mes meilleurs vœux pour 2012!

    @Bruno : Moi non plus je ne savais pas qu'elle jouait dans ce film!
    Une surprise sacrément charmante de le découvrir qui a participé grandement au fait que j'ai apprécié ZATHURA!
    Attention, elle a un temps d'apparition très réduit dans ce film!

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  4. Eh ben cette critique donne envie de voir le film immédiatement. J’essaierais de me le procurer assez rapidement :)

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  5. Merci,tu le trouveras facilement à petit prix Kév'! Il est souvent vendu avec JUMANJI d'ailleurs, même en dvd et pour moins de 10 euros le pack des deux. Tu vas te faire plaisir c'est quasiment sûr!

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