vendredi 18 novembre 2011

SCREAM 4 de WES CRAVEN (2011)


SCREAM 4 de WES CRAVEN (2011)

15 ans après les premiers meurtres sanglants de Woodsboro, Sidney Prescott (Neve Campbell), surnommée ironiquement "l'Ange de la Mort", revient dans sa ville natale pour y faire la promotion de son nouvel ouvrage en pleine commémoration des funestes événements passés.

C'est dans des circonstances néfastes qu'elle va y retrouver ses amis Gales Wheathers (Courteney Cox) journaliste en perte de vitesse et Dewey Riley (David Arquette) devenu shérif de la ville toujours marié ensemble depuis 10 ans : de nouveaux meurtres ont été commis au nom de Ghost Face la veille de la venue de Sidney, prise à partie malgré elle.

Sommé de ne pas quitter la ville le temps de l'enquête, Sidney va une nouvelle fois être confrontée au tueur au masque qui dans un jeu mortel va commencer à s'attaquer à son entourage direct et celui de ses proches dont sa toute jeune cousine Jill (Emma Roberts) chez qui elle réside sous haute protection policière aux côtés de sa tante.

Woodsboro est alors de nouveau plongé dans la terreur...


Sur le papier, SCREAM 4 affiche tous les signes d'une séquelle opportuniste sans âme, avec son casting principal quasi has been composé de stars en pleine traversée du désert, son lot de nouveaux arrivants Fashion  populaires et dans l'air du temps comme Hayden Panettiere ou Emma Roberts, et le retour derrière la caméra d'un réalisateur aux dernières productions pour le moins artistiquement catastrophiques...

Bref, SCREAM 4 empile à première vue tous les ingrédients réunis du Slasher uniquement là pour remplir les salles le temps d'un été et les poches de ses intervenants en bout de course en somme, et si on rajoute à ça qu'on nous promettait comme d'accoutumée un retour aux sources, il n'en fallait pas plus pour que les connaisseurs égocentriques spécialistes du Genre annoncent fièrement un long métrage inutile aussi vite vu qu'oublié, et ce sans avoir vu le film... Et pourtant surprise, c'est l'exact inverse que nous offre cette séquelle de Wes Craven, avec de plus toutes les promesses annoncées!

L'entreprise n'était pourtant pas aisée, tant cette franchise est regardée à la loupe, étudiée et décortiquée par ses fans et même ses détracteurs, symbole moderne de tout un genre un peu par accident, du fait du succès surprise inattendu de son premier opus inventif et sarcastique, thématiquement introspectif sur le Genre qu'il analysait avec intelligence et qui a relancé pour le meilleur et pour le pire l'industrie des Slasher disparus quasiment depuis la fin des années 80 de nos salles obscures, exploité alors en direct to dvd uniquement dans un but lucratif économique.


Dès le début du film, Wes Craven revient à l'esprit originel de la saga donc, en tournant en dérision les méthodes mercantiles de l'industrie justement, en se moquant ouvertement des séquelles qui tirent sur la corde en utilisant des artifices outrancièrement vulgaires et visibles, finissant souvent par tourner en rond (et que la saga SCREAM a elle-même utilisé via son troisième chapitre!) à l'image de STAB, le film dans le film qui relate les événements lugubres arrivés à Woodsboro, devenu culte et visiblement rentable.

Non seulement Craven fait l'état des lieux depuis que sa franchise à succès a relancé le système, mais il fait aussi la critique de ses aficionados, ses fans qui font la distinction par exemple entre trilogie originale et opus inutiles d'une saga, qui décident de ce qui est noble cinématographiquement ou pas en poussant les analyses à outrance (comme votre cher serviteur donc!) .


Rien que dans son pré-générique, SCREAM 4 amuse, annonce et assume son statut de divertissement sanglant d'exploitation et pousse gentiment à la réflexion, ironise et analyse avec beaucoup d'humour le Genre et son public attitré, désarçonne le spectateur pointilleux et spécialiste venu là uniquement pour se moquer, relever les erreurs et briller lors des discussions entre fanas du milieu, le montrant du doigt en disséquant sa psychologie primaire via les spectateurs fictifs du film, histoire de bien faire comprendre que le scénariste Kévin Williamson et Wes Craven sont bien conscients qu'ils sont attendus au tournant.

C'est l'apparition de Neve Campbell, héroïne emblématique de la saga, qui surprend et remet les pendules à l'heure de façon irrévocable.

Belle à mourir, l'interprète de Sydney Prescott a changé, maturé, est devenu femme avec un grand F, imposant une prestance et une assurance bluffante à l'image, avalant l'écran par son regard si intense... On en oublie qu'on regarde un chapitre de SCREAM et on se surprend soi-même dans la contemplation de cette actrice trop rare sur grand écran qui en quelques gestes fascine, captive et accapare notre attention au détriment des autres acteurs pourtant très bons, nous donnant la sensation de retrouver une membre de la famille trop longtemps absente, qui nous a sacrément manqué et que l'on redécouvre avec beaucoup de bonheur, de nostalgie et de fierté face à ce qu'elle est devenue.


Le reste du casting original reprend ce qui a fait son succès, et exécute ce qu'on attend d'eux sans surprise ni déception, à commencer par Courteney Cox qui sur-joue juste ce qu'il faut pour nous crisper et nous agacer comme il se doit compte tenu de son personnage, l'ambitieuse et ex-journaliste Gales Weathers ici dans le creux de la vague prête à en découdre pour démontrer à tout un chacun qu'elle est loin d'être une reporter éteinte, toujours mariée à Dewey, flic aussi amusant que touchant campé par un David Arquette toujours aussi excellent et sympathiquement chaleureux à l'image.

Néanmoins, il faut l'avouer, ces tête d'affiches sont surtout là pour légitimer la présence des nouveaux venus, car si Neve Campbell, Courteney Cox et David Arquette reprennent du service, ils font le minimum syndical en terme de présence à l'écran, s'investissent dans leurs rôles mais juste ce qu'il faut pour justifier le titre du film, rassurer les fans et installer les scènes d'expositions et la présentation des challengers qui ont la lourde tâche de reprendre le flambeau et de le passer, de faire concrètement vivre l'histoire et la trame principale.

Il faut à ce titre signaler que contre toute attente Hayden Panettiere surprend énormément dans son rôle d'étudiante sophistiquée fan de films d'horreur, loin des clichés du Genre, conférant une crédibilité en béton armé à son personnage, faisant preuve d'une présence inouïe à l'écran.

Même Emma Roberts (quand est-ce que les spectateurs arrêteront de critiquer une actrice juste parce qu'elle est la nièce de???!) s'avère immédiatement excellente et totalement appropriée en terme de choix de distribution, portée de plus par de nombreux seconds couteaux plutôt rodés qui donnent à la galerie de personnages de SCREAM 4 un certains cachet appréciable et agréable pour les cinéphiles.


Dans ses grandes lignes, l'histoire, elle, reprend les bases claires de ce qui a fait le succès du premier volet, mais l'adapte aux goûts du jour, à l'air du temps en tout point de vue, que ce soit en ce qui concerne les multiples clins d'œil que les méthodes utilisées par Ghost face pour atteindre ses nouvelles infortunées victimes.

Exit Freddy Krueger, Jason Voorhees et sa clique, place aux nouveaux repères du Genre, les Remakes et autres SAW ou HOSTEL qui ont le vent en poupe, bonjour également les références aux webcams, aux messages instantanés et aux réseaux sociaux comme Facebook et Twitter. Discutables? Non, pas vraiment, logique plutôt, la saga incorporant juste ces éléments comme nouveaux outils actuels, formes de communication devenues presque incontournables à notre époque, et actualise son message d'origine, l'adapte à cette nouvelle génération, avec beaucoup d'intelligence de lucidité et de cynisme en respectant de ce fait la démarche initiée par Kevin Williamson dans le premier volet.

C'est d'ailleurs un des aspects les plus frappants de SCREAM 4 qui ressemble plus à un remake moderne du premier volet, une version 2.0, une redite remise au goût du jour qu'à une vraie suite, car à bien y regarder, Craven reprend les éléments, les séquences, les moments fort devenus cultes qui ont marqué les spectateurs des précédents opus et simplement les réinvente avec beaucoup de savoir-faire pour ceux d'aujourd'hui.


SCREAM 4 se déroule d'ailleurs dans un contexte de commémoration des meurtres originels qui ont eu lieu dans le premier volet, un détail vraiment amusant tant le film fonctionne lui-même comme une sorte de commémoration de la saga plus qu'une séquelle classique, une sorte d'hommage anniversaire, d'épisode compilant les morceaux de bravoure des anciens chapitres tout en étant une auto-analyse d'elle-même, une autopsie sans mauvais jeu de mots, avec beaucoup de discernement et de maturité.

Mais tout Slasher qui se respecte se doit, thématique constructive ou pas, d'aligner au minimum son quota de meurtres sanglants, et de ce côté aussi SCREAM 4 assure haut la main et remplit le cahier des charges au-delà des espérances, avec des situations savamment orchestrées qui font la part belle aux projections d'hémoglobine et même aux effets gores, n'hésitant pas par moment à balancer de la tripaille bien craspec à l'écran à l'image du deuxième meurtre glauque et d'une violence terrifiante qui rappelle immanquablement celui du personnage de Drew Barrymore dans le premier chapitre de la saga dans son aspect sadique et brutal, douloureux et monstrueux mais graphiquement magnifique et marquant.


D'un point de vue personnel le dénouement, très critiqué, m'a beaucoup plu, notamment en ce qui concerne les motivations qui poussent au meurtre Ghost face. Je ne dévoilerai rien dans ces lignes, mais une fois de plus l'analyse éclairée est de rigueur, celle d'une jeunesse qui vit et apprend via la télévision et des Real TV qui promettent gloire, strass et paillettes, poussent ces derniers à vivre dans un besoin de reconnaissance perpétuel via les écrans, le web et les médias, espérant devenir des stars vaille que vaille quel que soit le prix à payer, ici celui du sang...

On reprochera quelques menus défauts à ce retour tout de même, notamment l'intrusion de nouveaux personnages un peu envahissants pas forcément nécessaires juste là pour brouiller les pistes, de raccourcis scénaristiques éculés et de quelques incohérences çà et là concernant les réactions de certains protagonistes (mais finalement c'est le cas dans TOUS Slashers qui se respectent), une fin à rallonge un peu poussive (mais encore une fois c'est le cas de certains Slashers à qui SCREAM 4 rend hommage) et des problèmes de découpage des plans de certaines séquences, mais les qualités emportent largement le morceau sur les défauts mineurs et le film s'avère surtout rapidement ludique et immédiatement distrayant (au contraire de son précédent volet désastreux) et clôt en beauté une saga fascinante de l'histoire des Slashers modernes, dans une véritable apothéose intelligente digne d'elle.


Bien évidement ce quatrième volet a, comme les précédents, attisé les foudres de l'ancienne garde du cinéma fantastique, toujours aussi hermétique aux aventures de Ghost face. Rien d'étonnant, tant SCREAM reste avant tout une œuvre générationnelle qui est aujourd'hui surtout portée aux nues par les fans qui étaient ados à l'époque de la sortie du premier volet, et découvraient les Slashers par son biais, devenus eux-mêmes aujourd'hui des porte-flambeaux du Genre pour la prochaine génération.

C'est pourtant une saga bien plus intelligente que la plupart de celles que l'on a connues nous, anciens briscards, plus cohérente dans sa logique et sa continuité, même en tenant compte du troisième volet faiblard, une boucle qui est enfin bouclée avec cet ultime retour, ce final culotté et inventif, et qui se conclut de meilleure façon que ses modèles d'origines et qui prouve surtout que Wes Craven, réalisateur moins reconnu par ses pairs et par les passionnés d'horreur qu'un Carpenter ou Argento, a gardé toute sa verve d'antan au contraire de ses frères d'armes qui eux justement n'ont pas su se renouveler et faire leur autocritique.

Ne prêtez pas attention aux critiques systématiques faites sur SCREAM et comme moi, refaites-vous une opinion en revoyant dans la foulée les quatre épisodes à la suite.Vous seriez bien surpris de constater que quoi qu'on en dise, SCREAM restera une saga incontournable et qui au moins aura eu le mérite de faire (re)vivre tout un pan du cinéma d'exploitation, et de prouver que Wes Craven est aujourd'hui un des grands derniers de l'ancienne garde de réalisateur horrifique à continuer à nous surprendre sur grand écran!


NOTE GLOBALE : 16/20

Pour ceux qui sont toujours perplexes, voici le lien de la critique éclairée de Gérald de SCREAM 4 :
http://horrorcritics.blogspot.com/2011/08/scream-4-wes-craven-2011.html

DÉDICACE AVEC BEAUCOUP DE TENDRESSE À GÉRALD, UN VÉRITABLE ANGE DE LA VIE!!!

Luke Iron Mars

9 commentaires:

  1. super commentaire et les photos magnifiques

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  2. Merci beaucoup à tous!!! Ça me fait d'autant plus plaisir lorsqu'on me dit qu'un de mes articles donne envie de voir ou revoir un film.
    C'est exactement ce que j'espère lorsque j'écris : donner envie aux gens de voir des films! ^^

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  3. Êntièrement de ton avis Luke et merci pour la dédicace je suis touché.

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  4. Merci, content que cela te plaise mon Gérald, je sais que comme moi tu es un grand défenseur du cinéma de Craven ^^
    Ta critique est excellente aussi d'ailleurs, j'attends ton accord pour mettre un lien de ta critique sur la mienne :)

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  5. ouiiiiiiiiii pour moi Craven est l'un des meilleurs artisans du genre et très modeste en plus, j'aime bien son approche consistant à analyser le cinéma d'horreur -:)
    tu as le feu vert pour mettre un lien vers ma critique of course-:)
    mais à quand les autres Scream en blu ray???

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  6. Et hop lien de ta critique collé :)
    En ce qui concerne les blu ray, les droits sont partagés entre STUDIO CANAL pour les 3 premiers volets et M6 pour le 4.J'espère qu'ils pourront s'arranger pour nous sortir un beau coffret comme en Allemagne :)

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  7. j'espère-:) mais il paraît que la qualité des blu ray sortis était pas top!studio canal les avait annoncé en octobre et puis plus rien.Certainement pour améliorer la qualité (Gégé naïf^^)
    merci pour le lien -:)

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