dimanche 20 novembre 2011

I SAW THE DEVIL de KIM JEE-WOON (2010)


I SAW THE DEVIL de KIM JEE-WOON (2010)

Une nuit enneigée sur le chemin du retour à bord de son véhicule, la jeune Ju-yeon, enceinte et récemment fiancée, est violemment enlevée, torturée et brutalement assassinée par un tueur en série.

Son corps va être retrouvé totalement démembré le jour suivant, dévastant ses proches, en particulier son futur époux Soo-hyun qui n'est pas n'importe qui puisqu'il est agent secret au service de l'état.

Ce dernier, accablé, inconsolable et rongé par la colère et la haine, décide alors d'enquêter lui-même et de traquer le responsable utilisant les ressources mises à sa disposition en tant qu'agent afin de le retrouver en enfreignant ce faisant toutes les règles dues à son statut, pour assouvir sa vengeance d'une manière très particulière...



Je ne vais y aller par quatre chemins : apprêtez-vous à vous prendre une claque dans la gueule comme rarement!

La brutalité de l'agression qui se déroule à moins de 5 minutes du début du film, pose indubitablement le ton : ça va être long et pénible à endurer, presque impossible à supporter, et très difficile de regarder en face cette violence si réelle, qui malheureusement nous entoure dans la vie de tous les jours et dont nous ne sommes pas à l'abri, que ce soit nous ou nos proches.

Non seulement I SAW THE DEVIL est un film
parfaitement maîtrisé à tous les niveaux sur une chasse à l'homme et la vengeance implacable d'un agent secret dont la jeune fiancée a été brutalement assassinée, mais c'est également une analyse passionnante sur l'aspect pulsionnel irrépressible qui pousse certains à commettre des actes de violence extrême.

C'est là où réside tout le génie du film de Jee-woon Kim : dans son approche habile de la psyché de tous ces tueurs, de nous montrer que quoi qu'il arrive un serial killer ne peut réprimer ses pulsions même lorsqu'il est en danger de mort, que sa propre survie est dans la balance et est remise en question, quoi qu'il fasse il doit satisfaire sa dépendance morbide, et ce inlassablement sans tenir compte du bon sens, au-delà de toutes raisons et des risques qu'il prend en toute conscience.



En effet, le tueur interprété dans I SAW THE DEVIL de façon impériale par Cho Min-Sik (déjà exceptionnel dans le cultissime OLD BOY) a beau se savoir traqué, il ne peut refréner ses envies et ses besoins maladifs, et se laisse aller malgré les risques, vaille que vaille pour assouvir sa dépendance, ses désirs malsains et meurtriers.

Il sera sans cesse stoppé net avant de pouvoir s'adonner à ses plaisirs sordides et déviants par cet agent secret meurtri, totalement dévasté et emporté par la haine et la colère, bien décidé à le faire souffrir au centuple et à jouer sadiquement sur cette frustration qui laissera le criminel constamment insatisfait et donc le poussera encore plus à chercher à assouvir ses besoins et ainsi de suite, l'enfermant dans un cercle infernal, se satisfaisant de le regarder frustré et affamé.

Mais il faut être prudent quand on agace une bête sauvage qui a besoin de se repaître et qui est empêché de se nourrir, celui-ci se rebiffe et libéré de ses liens, retrouve sa position maîtresse de chasseur.
Les rôle s'inversent alors avec tout ce que cela implique, engendrant une situation de plus en plus incontrôlable qui mènera à des conséquences dramatiques et irréversibles.


Le film exploite le thème de la ligne invisible entre justice rendue par le sang et meurtre de sang-froid, celui de ne pas devenir un monstre soit même en voulant en arrêter un, tente d'éprouver vos limites en tant qu'humain, votre tolérance face à l'intolérable, votre raisonnement dans des conditions extrêmes confronté à l'abominable dans sa forme la plus abjecte, vous mettant dans une position inconfortable où vos instincts primaires refont surface, où votre raison est effacée par vos agissements qui prennent alors le dessus avant la réflexion, touchant les plus bas instincts humain animal, ceux qui réclament le sang pour laver le sang versé, œil pour œil dent pour dent dans son aspect le plus basique.

Fabuleusement écrit, interprété par un casting habité par leurs personnages respectifs et magistralement mis en scène, I SAW THE DEVIL joue constamment avec vos nerfs et soudainement le monstre qui est en chacun de nous, tapis, endormi, se retrouve alors titillé, agacé et même sur le point de se réveiller, constamment bousculé par les images d'une brutalité inouïe, quasi insupportables qui malmène votre réflexion civilisée, vos principes ainsi que votre moralité, sans vous laisser le temps de respirer et de refaire surface, à la limite de la folie.


Un immense chef-d'œuvre qui met sur les genoux et vous montre sans fard et sans chichi ce qu'est la réalité de ce que vous voyez à travers les JT aseptisés de TF1, en évitant le voyeurisme gratuit et la complaisance (Contrairement à ce qu'en disent ses détracteurs, visiblement qui n'ont pas compris la démarche du réalisateur pourtant limpide), malgré la crudité des actes horribles auxquels on nous confronte.

Bien évidement, I SAW THE DEVIL a soulevé comme beaucoup de films du Genre une critique massive, considéré comme trop démonstratif, inconfortant de ce fait le spectateur habitué de nos jours à une violence de plus en plus graphique hypocrite et trompeuse, presque érotisée et à l'image ultra-lêchée,  devenant des tortures porns complaisant et jouant sur les désirs morbides impliquant un voyeurisme passif et limite érotisant. Ici ce n'est pas le cas, la violence extrêmement réaliste est dépeinte sans détour, frontalement et ne peux que vous faire réfléchir, certes violemment, mais constructivement sur la nature de l'homme dans sa forme la plus primaire. 


La violence est abject, et à moins d'être un monstre comme le tueur de I SAW THE DEVIL vous serez horrifié de voir ce que la nature humaine peut engendrer, mais mieux vaut être prévenu, le film de Kim Jee-woon ne conviendra pas aux âmes sensibles et forcément n'est pas à mettre entre toutes les mains, l'expérience étant difficile à vivre, traumatisante et laissant une marque indélébile, nous laissant presque souillés et totalement assommés.


Sachez une dernière chose, concernant le final, et le dernier plan lié du film montrant l'agent Soo-hyun mentalement brisé fondant en larmes, conséquence due à des actions que je ne révélerai pas ici : il restera à jamais dans vos mémoires et la marque indélébile d'une des expériences les plus marquantes et traumatisantes du cinéma de Genre.

NOTE GLOBALE : 18/20

Dédicace et un grand MERCI à CAROLINE MASSON pour avoir insisté pour que je vois I SAW THE DEVIL au plus vite ainsi qu'a STEPHANE PASSONI et bien sûr à BRUNO DUSSART pour m'avoir offert la copie limpide en version intégrale de cette BOMBE

Luke Iron Mars

3 commentaires:

  1. Un grand film assurément, malgré mes petites réserves sur la violence déployée du film.

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  2. Mon film préféré de l'année, violent et apre par sa noirceur à plonger dans l'âme humaine.A ne pas mettre sous tout les yeux mais au moins ce film va jusqu'au bout de ses convictions.La violence y est crasse ici (on est loin de l'univers de Tarantino)et comme tu le dit si bien Luke, le final et le dernier plan restent longtemps après dans nos mémoires.

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  3. Une claque, une réalisation grandiose, un duo de comédiens inoubliables et comme tu le précises un plan final inoubliable par contre je trouve que le scénario aurait pu être mieux, je pense qu'on aurait pu avoir quelques scènes entre Ju-yeon et son fiancé Soo-hyun pour nous montrer la peine et la rage que doit avoir Soo-hyun, parce que certaines scènes sont dures à voir mais comme je n'ai pas pu ressentir et voir la douleur de son interpréte principal, j'ai trouvé que ç'était un peu gratuit. Tu fais vraiment de superbes critiques Luke continue toi aussi :)

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