mardi 25 octobre 2011

GEARS OF WAR, ASPHO FIELDS de KAREN TRAVISS (2008, éditions MILADY)


GEARS OF WAR, ASPHO FIELDS de KAREN TRAVISS (2008, éditions MILADY)

En terme d'univers étendu, les éditeurs ont toujours plus ou moins livré des œuvres à l'intérêt mitigé voire complètement inutiles exploitant simplement les licences et franchises à succès pour en tirer le maximum de bénéfices.

Sur ce terrain, les ouvrages liés à la saga STAR WARS, par exemple, ont largement fait école, offrant le meilleur comme le pire-souvent le pire d'ailleurs-tirant sur la corde à outrance, usant à n'en plus finir un filon juteux en mettant de côté la cohérence narrative et visuelle liée aux films d'origines en alignant les aberrations scénaristiques, faisant souvent intervenir des personnages absents des œuvres originales pas forcément appropriés à la saga du papa Lucas.

Du coup, c'est avec beaucoup de réserve qu'on s'attaque à GEARS OF WAR : ASPHO FIELDS, roman s'appuyant sur l'univers du célèbre jeu sur XBOX 360, à la notoriété bourrine reconnue chez les core gamers, TPS (Third person shooter) qui aligne les excès de violence avec splendeur, fureur et extase, mettant en scène des personnages souvent bodybuildés à outrance, au charisme animal brut, loin de tout ce qui peut donner une œuvre littéraire fine, quoi!

Et pourtant contre toute attente Karen Traviss l'a fait, a réussi ce pari  fou, aussi incroyable que cela puisse paraître!


L'histoire de ASPHO FIELDS prend place entre les deux premiers volets videoludiques de GEARS OF WAR, juste après que son héros Marcus Fenix ait atomisé via un train bourré d'explosifs nucléaires le nid des locustes, race vivant sous terre et qui a décidé par l'entremise de leur reine Myrrah de prendre possession de la surface de SERA, semant la mort, décimant la population humaine en faisant déferler ses hordes de créatures plus belliqueuses et monstrueuses les unes que les autres.

Il est donc quasi essentiel d'avoir joué au premier chapitre de GEARS pour pouvoir comprendre et lire ASPHO FIELD, tant les événements sont liés, indissociables de l'histoire du jeu, prolongeant cette dernière et l'étoffant considérablement, en développant non seulement l'univers, son fonctionnement et sa mécanique mais surtout et c'est de là que vient la surprise, ses personnages, pourtant à la base simples avatars de pixels censés juste être là pour justifier les innombrables batailles virtuelles que se livrent les gamers du monde entier.

Karen Traviss dès les premières pages s'attache à nous faire comprendre que l'ouvrage que l'on tient entre les mains est fait pour enrichir l'univers créé par le Cliff Blezinski, Game designer génial à qui l'on doit cette saga, à l'étoffer et surtout le crédibiliser, le rendre tellement vivant qu'on a l'impression de lire un recueil historique sur des événements qui ont réellement eu lieu!

Proprement fascinant de voir ce traitement appliqué à la base scénaristique d'un jeu, même si Bleszinski avait dès le début des ambitions de cette envergure qu'il n'a pas pu développer via les jeux à son grand désarroi, ici reprises et traitées avec tellement d'intelligence qu'on pourrait penser que le jeu est tiré du livre et non l'inverse!


L'auteure semble de toute évidence en terrain connu, et pour cause, elle a été de par le passé journaliste et correspondante de guerre, et donc bien placée pour appréhender cette saga martiale, la comprendre et lui donner du corps, sans oublier qu'elle est de plus un des trois auteurs autorisés à écrire sur l'univers étendu de STAR WARS, parfaitement rodée à l'exercice donc.

Mais malgré tous ces avantages qui lui donnent une longueur d'avance, Traviss fait surtout d'abord preuve de beaucoup d'amour pour GEARS OF WAR, et démontre par le sérieux de ses mots qu'elle considère comme un privilège de s'en occuper, dépassant toutes les attentes du fan, donnant une multitude de détails passionnants sur les protagonistes de l'aventure, sur leur façon de vivre au jour le jour dans un monde ravagé par une guerre sans fin, parcouru par des soldats au bout du rouleau, lucides sur leur devenir et qui se battent avec bravoure pour défendre des vestiges de leur civilisation perdue...

Une œuvre qui s'appuie fortement sur des conflits bien réels que l'on connaît, qui respecte énormément l'esprit militaire, l'explique même, à travers le quotidien au front de ses héros, de ses guerriers de prime abord solides comme des rocs mais qui intérieurement sont blessés et fragiles, avancent sans trop savoir pourquoi, accrochés à de vagues lueurs d'espoir mais qui s'ils s'arrêtaient devraient faire face à l'horreur de leurs vies brisées, à la réalité de l'absurdité de cette guerre.

Magnifiquement raconté, ASPHO FIELDS est de plus structuré de belle manière, passant d'une période à l'autre de la vie des intervenants, de l'enfance de Marcus et Dom aux fameuses Guerres Pendulaires pour revenir au présent, au conflit contre les Locustes, nous expliquant comment les deux célèbres COG sont devenus d'indéfectibles amis, de véritables frères, des soldats inséparables, nous montrant leurs premiers pas en tant que combattants, révélant ce faisant les caractères et donnant les raisons de ce qu'ils sont devenus aujourd'hui.


Passionnant, touchant, bouleversant de découvrir comment Dom a rencontré sa Maria, de voir son entrée dans les commandos pour subvenir aux besoins de sa famille (ce qui explique la présence du personnage jouable en multi de "Commando Dom" dans GEARS OF WAR 3), son apprentissage de la vie martiale et ses rapports avec son frère ainé Carlos et son ami Marcus, puis ses pensées pour ses enfants décédés et sa recherche de Maria disparue depuis plus de dix années, ses espoirs de la retrouver enfin...

Impossible de ne pas ressentir de la  tristesse pour tous ces destins détruits par la guerre, ni d'empathie pour ces hommes et ces femmes tant Traviss fait preuve de sensibilité, de justesse en les décrivant, s'attardant même sur les personnages secondaires du jeu, ici travaillés au même niveau que les cinq héros de la Delta Squad que l'on croyait bien connaître, propulsant le monde de Cliff Bleszinski vers les cimes de la perfection.

Mais attention, on parle bien de GEARS OF WAR dans ASPHO FIELDS, et l'auteure n'en oublie évidemment pas ce qui fait la particularité du jeu du studio EPIC GAMES : la brutalité de ses séquences de combats féroces, faisant couler la sueur et le sang dans des séquences tétanisantes d'une violence inouïe héritée de son modèle graphique, appuyée par des textes aux descriptions méticuleuses jusque dans ses moindres détails parfois purement technique, comme pour l'utilisation du célèbre fusil d'assaut Lanzor et sa tronçonneuse par exemple, retranscrivant parfaitement les sensations inhérentes au gameplay, synthétisant avec génie la hargne et le foutoir des affrontements en mode multijoueur, les transposant dans son récit avec véracité pour nous propulser au cœur de l'action.


Tout simplement ultra jouissif, surtout que Karen Traviss intègre également parfaitement et avec beaucoup de style et d'humour, sans vulgarité, le franc-parler de nos chers COG, le langage coloré et fleuri représentatif des soldats de la Delta Squad.

Difficile de faire mieux, car franchement de mémoire je n'avais jamais pris autant de plaisir en lisant un ouvrage lié à une saga que j'aime... Non mieux, le livre de Karen Traviss en devient la Bible, la références ultime, à tel point d'ailleurs que le troisième volet sur XBOX 360 intègre un nombre incalculable de ses idées et créations, un juste retour des choses vu le travail qu'elle a abattu.!

L'auteure KAREN TRAVISS, lors de la soirée de lancement de GEARS OF WAR 3

Si vous êtes vraiment fan de GEARS OF WAR, impossible pour vous de passer à côté de cet ouvrage,  tant son contenu est exceptionnel et enrichira votre passion pour l'univers de Cliff Bleszinski, surtout que pour l'instant seuls les deux premiers ouvrages développant l'univers de GEARS ont été traduits en France, les suivants n'étant pas prévus visiblement car les ventes n'ont pas été concluantes... En achetant ces livres vous pousseriez l'éditeur à traduire les suivants.

Si vous ne connaissez pas encore le jeu, il est temps de vous y mettre, car ASPHO FIELDS est tout simplement de plus un des meilleurs livres SF de ces dernières années!
Alors comme dit Marcus Fenix avant de faire rugir sa tronço : "LET'S DO THIS!"

NOTE GLOBALE : 19/20

DÉDICACE À ABSOLUTE " Triple kill à la Gre" BATMAN

Luke Iron Mars

samedi 22 octobre 2011

X-MEN FIRST CLASS de MATTHEW VAUGHN (2011)


X-MEN FIRST CLASS de MATTHEW VAUGHN (2011)

Pologne, 1944, le jeune enfant Erik Lensherr prisonnier d'un camp de concentration avec sa famille s'éveille subitement à son pouvoir en voulant protéger sa mère, déclenchant un puissant magnétisme pouvant contrôler selon sa volonté toute forme de métal.

Il va attirer l'attention du docteur Schmidt, un chercheur travaillant pour les nazis désireux de développer ce pouvoir à des fins personnelles, prêt à utiliser des méthodes brutales n'hésitant pas à abattre la mère d'Erik sous les yeux du jeune mutant impuissant pour arriver à ses fins.
Dès lors, c'est par la colère qu' Erik va apprendre à maîtriser et faire grandir ses capacités sous la tutelle de ce tortionnaire durant toute sa jeunesse.

1962, en pleine Guerre Froide, Le jeune Erik a grandit, et est devenu un puissant mutant en quête de vengeance, recherchant une à une toutes les personnes qu'il considèrent responsable de la mort de sa mère...
Il va ce faisant croiser la route d'un de ses semblables, Charles Xavier récemment diplômé, un mutant télépathe très puissant qui a le souhait de voir un monde acceptant et intégrant leur genre particulier.

De leur rencontre va naître l'idée de rechercher et réunir d'autres personnes aux capacités extraordinaires... De leur rencontre vont naître les X MEN!



Je vais commencer par expédier d'entrée mon point de vue sur ce que j'attends d'une adaptation de BD au cinéma : pour moi la fidélité de l'œuvre d'origine à la ligne prêt m'importe peu, tout du moins tant que l'esprit du matériau original est conservé et respecté un minimum, que son essence est respectée.


Donc, ne vous attendez pas à ce que je dénombre les incohérences, les libertés ou les trahisons au comics d'origine qui pullulent dans le film de Matthew Vaughn, notamment parce que ledit comics comprend nombre de variantes et d'histoires parallèles plus ou moins elles-mêmes cohérentes.


Seul m'importe le film, en tant que tel, basé sur l'univers des X-MEN, tiré et inspiré par la BD.


En partant de cette base claire, X-MEN FIRST CLASS est tout simplement fabuleux, relance la saga sur grand écran avec intelligence et surprend par son parti pris narratif culotté et inventif.

Oubliez le navet opportuniste purement commercial et de très mauvais goût "X MEN ORIGIN : WOLVERINE", le film de Matthew Vaughn reprend les choses à zéro, depuis le début, en  commençant par la séquence du camp d'extermination nazi toute droit tirée du premier volet de la saga X MEN de Bryan Singer
telle quelle dans son intégralité, un quasi copié collé à l'image prêt, nous faisant comprendre que les choses vont à la fois être plus fidèles à l'esprit d'origine mais retenir le meilleur de la saga cinématographique déjà existante tout en étant un nouveau départ, pas vraiment un reboot mais une remise en question du mythe, un nouvel élan sur grand écran...Et le film commence alors.


Dès sa première scène, Michael Fassbender fascine, captive et séduit au point d'en faire oublier le précédent interprète de Erik Lensherr, le grand Ian Mc Kellen lui-même, c'est dire! 


L'acteur démontre immédiatement son aisance dans le rôle de Magneto en devenir qui lance une chasse implacable aux nazis responsables de la mort de sa mère, se servant de sa colère, sa haine pour développer son pouvoir, assouvir sa vengeance, parcourant inlassablement le monde à leur recherche, hanté par l'envie de retrouver surtout celui qui l'a exécuté froidement, Sebastian Shaw qui de plus est à l'origine du développement de ses capacités magnétiques à des fins destructrices.

C'est un peu comme si la créature de Frankenstein voulait retrouver son propre créateur, celui qui fait qu'il est le monstre qu'il est aujourd'hui, et le faire payer pour toutes les souffrances qu'il a subit au nom du pouvoir et de la science!

Tous ces passages  rappellent immanquablement les premiers James Bond d'ailleurs, ceux avec Sean Connery, mais dans une version plus radicale et fantastique, Fassbender affichant un sex appeal, une attitude similaire, une aura et un charisme proche du célèbre agent secret, nous faisant même oublier parfois qu'on regarde un chapitre de la saga X-MEN.

C'est sa rencontre avec Charles Xavier qui va changer la donne, grâce à leur amitié naissante, leur collaboration qui va mener petit à petit à la naissance des X-MEN et ce sous nous yeux avec tout ce que cela implique de tâtonnement, de divergences d'opinion sur leur place dans notre société, de questionnement sur leur devoir et leurs responsabilités comprenant que leur action peuvent influer radicalement sur l'histoire de toute l'Humanité.


Comprenez bien qu'avant d'être un film mettant en scène les célèbres mutants créés par Stan Lee, X MEN FIRST CLASS s'appuie déjà à la base sur une excellente histoire évoluant dans un contexte narratif fascinant et historiquement familier, la menace nucléaire et la course à l'armement sur fond de Guerre Froide entre les U.S.A et l'U.R.S.S.

Cette idée s'avère immédiatement brillante, complétement appropriée et permet le développement des thématiques fortes liées à la saga dans sa version BD, de dévoiler les relations entre les deux figures emblématiques de l'histoire des X MEN, de toucher à l'émotion pure même lors de certaines scènes bouleversantes entre les deux frères ennemis... Un aspect que l'on ne pensait pas voir dans un film aux atours de blockbuster, ici remarquablement mis en forme avec beaucoup de fraicheur, de tendresse envers ses personnages issus de comics books.

Souvenez-vous du script poussif de "WOLVERINE" et imaginez l'exact inverse : une narration fluide, cohérente qui se boit comme du petit lait et donne envie d'en apprendre plus, encore et encore, sur les premiers pas de cette team, en mettant certes un peu de côté l'exactitude des faits par rapport à la BD originale mais légitime tellement les événements racontés ici de manière différente que le comics se déroulent avec naturel, logique et procurent des émotions intensément vives.


Un beau tour de force narratif donc, qui en plus de développer les relations et les réflexions de chaque protagonistes n'en oublie pas un élément important à tous comics movies : L'action! 


Si les films des deux premiers volets dirigés par Singer étaient de bonne adaptation dans le fond, en développant un grand nombre de personnages à l'écran, ce qui n'était pas chose aisée, la forme, elle, manquait cruellement d'action, de punch, de séquences dignes du tempérament héroïque des célèbres mutants.

Matthew Vaught lui n'a pas ce problème, le réalisateur de la bombe "KICK ASS" imprègne un rythme soutenu à son film, qui se retrouve parsemé de séquences d'actions intenses et anthologiques dont l'assaut d'un labo protégé par des militaires où se terrent les X-MEN par le Club des Damnées qui fait passer l'attaque de l'école de X-MEN 2 par le colonel Stryker pour une vulgaire bastonnade de cour de récrée, et la maintenant célèbre scène où Magneto extirpe un sous-marin des eaux.

Oui, le film comporte çà et là quelques menus défauts, oui les core fans seront outrés par les nombreuses libertés prisent mais les qualités elles innombrables font qu'on s'en contrefiche, qu'on accepte ces changements qui de toute façon au final nous permettent de redécouvrir une franchise qui finissait par tourner en rond!



Le soin apporté au casting mérite à lui seul le déplacement avec le talentueux James Mc Avoy dans le rôle du jeune Charles Xavier, Kevin Bacon totalement hallucinant et méconnaissable en bad guy, la belle Rose Byrne dans le rôle de Moira ( malheureusement pas assez présente à l'écran) ou bien encore la jeune révélation et surprenante Jennifer Lawrence dans celui de Mystique, personnage extrêmement populaire auprès du grand public.


La liste est longue, le soin apporté énorme jusque dans les seconds rôles ( Michael Ironside par exemple ) et comme si cela ne suffisait pas le film s'offre quelques caméos instantanément cultes qui font plaisir à voir (mais que je ne dévoilerai pas ici pour ne rien gâcher!).

Seul le personnage d'Emma Frost ne m'a pas totalement convaincu lors du premier visionnage, sans être pour autant mauvais bien au contraire, mais un brin en dessous de ce que le fan pouvait attendre, mais là je pinaille tant le plaisir est quoi qu'il en soit bel et bien présent.

Un haut niveau de qualité donc qui s'explique aussi par le fait que son réalisateur est bien entouré, appuyé par une équipe rodée, solide, déjà en place sur son précédent métrage "KICK ASS", forte de cette expérience et assurément déterminée à livrer un film où l'esprit du materiau d'origine demeure mais qui change la donne, redistribue les cartes de meilleures façons et relance toute la franchise en adoptant un point de vue radicalement réaliste, crédibilisant ce faisant ses personnages extraordinaires, les rendant, et c'est paradoxal, plus humains, plus tangibles.



Je tiens à signaler et attirer l'attention sur le magnifique score d'Henry Jackman ( un des quatre compositeurs du score de "Kick Ass" justement) que vous pourrez retrouver dans son intégralité sur une piste isolée du blu ray, qui offre ici notamment un nouveau thème à Magneto aux accents pop rock qui intègre un son de vibration à l'image du maître du magnétisme, un nouveau thème très aérien de la X-team et fait même référence à John Barry çà et là. 

En parlant du Blu ray, si les versions collectors qui vous sont proposées dans le commerce sont nombreuses et comportent divers goodies différents variés, elles incluent néanmoins toutes le même contenu en termes de bonus sur le disque, d'ailleurs de grandes qualités, comprenant un énorme making of très complet sur la genèse du projet, son développement et son accomplissement (on apprend entre autre que Vaughn avait travaillé un temps sur le troisième opus de la saga original d'X-MEN), comporte d'innombrables scènes coupées ( bizarrement pas réintégrées au film et pour certaines c'est vraiment dommage) et un mode interactif ultra complet passionnant dévoilant l'envers du décor appuyé par divers commentaires.

Pour conclure, FIRST CLASS est une merveille, un bijou qui se hisse dès ses premières minutes au panthéon des meilleurs comics books movies et surtout la promesse d'un avenir de nouveau glorieux pour cette saga passionnante et qui a encore beaucoup de choses à dévoiler.


Ces X-men peuvent effectivement, comme le dit Mystique, être fiers d'être Mutants!


Pour finir de vous coinvaincre, voici le lien de l'excellente critique de mon ami Bruno Dussart :
 http://brunomatei.blogspot.com/2011/10/x-men-le-commencement-x-men-first-class.html

NOTE : 17/20

DÉDICACE À DELPHINE BATIER


Luke Iron Mars

mercredi 19 octobre 2011

FORBIDDEN SIREN de YUKIHIKO TSUTSUMI (2006)


FORBIDDEN SIREN de YUKIHIKO TSUTSUMI (2006)

3 août 1976, île de Yamajima au sud du Japon, un groupe de secours est déployé d'urgence en pleine tempêtes pour secourir les habitants isolés.
Sur place il ne trouveront personne, tous les villageois semblent avoir disparu mystérieusement sans laisser de trace mais ils finissent finalement par retrouver un rescapé, retranché chez lui et au comportement inquiétant, vociférant des phrases inintelligibles concernant une sirène de mauvais augure qui se met alors subitement à retentir...

26 ans après ces événements, Yuki Amamoto vient emménager sur cette île avec son père et son petit frère, un enfant vraisemblablement très malade et fragile qu'elle protège énormément depuis le décès de leur mère, en espérant y trouver du calme et du repos pour améliorer l'état du jeune garçon.

La population insulaire s'avère plutôt peu accueillante à l'exception du docteur de l'île qui de plus prend en charge Yuki ainsi que son frère malade en tant que patient et peu de temps après s'être installé, on les prévient également d'une tradition particulière de l'île, à savoir que certaines nuits une sirène résonne et lorsque cela arrive il est fortement déconseillé de sortir pour d'obscures raisons liées à un culte local.

Yuki va être bientôt amener à chercher ce qui se cache derrière cette étrange sirène et découvrir le terrible secret de cette île et de ses villageois...


FORBIDDEN SIREN est à l'origine un jeu vidéo horrifique, communément désigné comme "Survival horror",  conçu par SONY pour concurrencer et surfer sur une vague initiée par des jeux comme RESIDENT EVIL de CAPCOM et SILENT HILL de KONAMI.
Moins connu chez nous que ses concurrents directs, FORBIDEN SIREN jouit néanmoins d'une certaine réputation auprès des fans de ce genre particulier notamment en termes d'ambiance étouffante et d'atmosphère angoissante, privilégiant ces deux critères plutôt que l'action, favorisant le réalisme également avec des situations plus familières et contemporaines que les autres jeux de sa catégorie.

Pour autant, en tant que gamer, je n'ai jamais trouvé mon compte dans cette saga vidéoludique au concept néanmoins intéressant qui consiste à interpréter plusieurs survivants pas forcément liés afin de reconstituer les événements de manière chronologiques et d'en découvrir les origines et mettant en scènes des créatures proches des zombies, appelé les "Shibitos" .


Le film, s'il reprend bien certains éléments du jeu, retient surtout l'atmosphère et le rythme narratif lent représentatif de la saga, mais développe sa propre histoire, et n'est aucunement l'adaptation fidèle d'un épisode en particulier de la série de pixels, il n'est donc pas spécialement nécessaire d'y avoir joué pour le voir et comprendre FORBIDDEN SIREN qui fonctionne comme un épisode à part, mais qui comporte nombre de clins d'œil aux fans de la franchise, visuels et scénaristiques, éparpillés tout au long de cette version cinématographique indépendante.

D'un point de vue purement visuel, FORBIDDEN SIREN est plutôt soigné et bénéficie d'une jolie mise en scène efficace et appropriée, parfaitement en adéquation avec le jeu vidéo, faisant la part belle aux ambiances suffocantes, proches de la claustrophobie, instaurant un climat de malaise, mais seulement voila il faut l'avouer, les événements se déroulent de manière beaucoup trop lente et donne même parfois quasiment dans le contemplatif sans vraiment déboucher sur quoi que se soit de flippant, sans réel aboutissement à court terme de l'intrigue.

Même si l'atmosphère étouffante, marque de fabrique du jeu, est présente donc et est plutôt bien maintenue jusqu'au bout, elle finit par nous endormir du fait de cette lenteur accablante liée probablement à l'envie du réalisateur de coller à celle du matériau original mais, et c'est un comble, les 1h30 du métrage nous semblent du coup durer 3 bonnes heures...



En ce qui concerne l'histoire, on suit donc la belle Yuki qui va faire dans un premier temps la rencontre des résidents insulaires au comportement si austère et peu sociables, qui de plus participent à des cérémonies locales assez inquiétantes et suivent une tradition pour le moins étrange : celle de ne pas sortir lorsque la sirène de l'île retentit.
Suite à la disparition temporaire de son père, Yuki va alors être amenée à découvrir un carnet (que l'on retrouve d'ailleurs à l'identique dans les jeux) qui relate des faits datant de 1976 et qui semblent mettre en cause la fameuse sirène et une femme mystérieuse toute de rouge vêtue  liée aux évènements.

Elle va être aidée dans son enquête par le médecin local plus engageant que le reste des villageois, sorte de confident compréhensif qui détonne par sa gentillesse comparé au reste des habitant, mais un peu dubitatif et réservé face aux craintes émises par la jeune femme qui se méfie grandement de ses nouveaux voisins ruraux.

On attend alors patiemment que tout cela se mette en place et si l'enquête en elle-même est visuellement soignée, elle est longue, beaucoup trop longue, interminable même, et n'apporte que des questions sans jamais aucunes réponses, même partielles, nous plongeant dans l'attente un peu plus et finissant de nous lasser lors de la dernière partie qui de plus finit par tomber dans le déjà-vu, impliquant des enjeux dramatiques maintes fois exploités au cinéma et de bien meilleure façon qu'ici...


En ce qui concerne la dernière partie justement il est difficile d'en parler sans spoiler... Si on peut dire, car spoiler n'est pas un mot vraiment approprié dans le cas de FORBIDDEN SIREN étant donné son dénouement final qui laissera à coups sûrs nombre d'entre vous dubitatifs tant il est complètement incohérent! Le spectre de la fin incompréhensible des "RIVIÈRES POURPRES" de Kassovitz n'est pas loin!!!

Car c'est bien là où réside le véritable problème, si le film nous propose une belle ambiance en nous faisant partir à la recherche d'un mystère aussi intrigant qu'inquiétant, la mystérieuse sirène qui résonne donc et les villageois, son principe narratif lui tombe à l'eau platement lors de la séquence finale en forme de twist, procédé quand il est bien utilisé jouissif mais ici complètement à côté de la plaque!

En gros, pour ne pas vous révéler la fin, disons que FORBIDDEN SIREN se termine sur un retournement de situation censé renverser l'intégralité de l'histoire, de l'éclairer sous un aspect diffèrent de ce que l'on avait imaginé, seulement voilà, tout cela ne tient pas, ne fonctionne pas d'un point de vue logique et donc nous exaspère un peu plus d'avoir été obligé de suivre tout un tas d'indices qui finalement ne servent pour ainsi dire à rien!


Pour le coup, on ne sait pas trop quoi penser, on se demande où veut en venir le scénariste, quelle est la démarche du réalisateur? Faut-il comprendre qu'il faut avaler tout ça sans se poser de questions? Difficile à dire, mais quoi qu'il en soit, on reste hébété, un peu idiot face à cette fin pour le moins scénaristiquement suspecte et c'est bien dommage, car l'ambiance du jeu a elle était joliment retranscrite à l'écran et les premières minutes du film promettaient du très bon, de flirter avec SILENT HILL de Christophe Gans, de nous entraîner dans un univers inquiétant et angoissant, mais vous laisse en finalité un arrière-goût amer si intense de gâchis complet qu'on finit par crier forfait.

Rythme trop lent, concept scénaristique qui retombe comme un soufflet dans sa dernière partie, rares scènes d'actions peu convaincantes voir inutiles, une histoire dont tous les mystères ne seront pas résolus nous laissant dans la frustration complète : FORBIDDEN SIREN  accumule les erreurs malgré des idées fortes empruntées à son modèle de pixel et porté par un casting au demeurant agréable ( à part l'enfant un peu crispant mais cela doit être certainement voulu étant donné le personnage ), une mise en scène soignée bien éclairée mais trop contemplative et finit (au contraire de sa fin illogique) logiquement par rejoindre les autres adaptions foireuses de jeux vidéo.

Prions pour qu'un jour ce genre particulier connaisse de meilleurs jours amis gamers!

NOTE GLOBALE : 09/20

Luke Iron Mars

lundi 10 octobre 2011

DETROIT METAL CITY aka DETOROITO METARU SHITI de TOSHIO LEE (2008)


DETROIT METAL CITY aka DETOROITO METARU SHITI de TOSHIO LEE (2008)

Soichi Negushi, jeune provincial un peu naïf rêvant de devenir une star de la pop dans le vent, se rend à Tokyo pour y accomplir sa destinée.

Mais voilà, les choses ne tournent pas comme il le souhaiterait et il se retrouve par dépit et sous l'impulsion d'une productrice déjantée sans scrupules en lieu et place incarnant Krauser II, chanteur et leader charismatique satanique du groupe de death metal "DMC", abréviation de "Detroit Metal City", grimé et costumé de façon outrancière et vociférant des textes faisant la part belle à la Mort, l'Enfer et le Sexe, aux antipodes de ce qu'il souhaitait chanter à l'origine!

Amoureux secrètement de la belle Yuki, qui elle déteste particulièrement ce style musical, Negushi se retrouve malgré lui à vivre une double vie compliquée à gérer à son grand désarroi, espérant que cette dernière ne découvrira pas son si honteux secret... Mais les choses finissent bien évidemment par dégénérer...


Autant vous prévenir d'emblée, DETROIT METAL CITY risque de laisser beaucoup d'entre vous dans l'incompréhension totale, la stupéfaction complète, voire dans la consternation absolue tant ce dernier est particulier et pas évident à supporter en tant que spectateur lambda, du fait j'ai presque envie de dire de son côté excessivement trop original... Je m'explique!

Tiré du manga éponyme de Kiminori Wakasugi, DETROIT METAL CITY est adapté fidèlement tel quel, à la case prêt, transposition quasi identique à tous les niveaux de la version papier avec toutes les particularités lié au format qui ne passe pas forcément sur grand écran, diront certains, seulement voilà, dans le cas du film de Toshio Lee cela participe énormément à en faire un métrage atypique, délirant et au final jubilatoire mais seulement pour les spectateurs les plus curieux, prévenus et prêts à assister à un spectacle pour le moins incongru.

L'acteur Kenichi Matsuyama ( le charismatique détective "L" dans les adaptations cinématographiques de DEATH NOTE, mais également héros de celle de GANTZ ) livre ici via son jeu une version copiée collée de la version bd des personnages, en interprétant un rôle aux deux visages radicalement opposés, à savoir d'un côté l'innocent et introverti Negushi et de l'autre son alter ego métalleux et extraverti Krauser II, en passant d'un extrême à l'autre, surjouant à outrance volontairement dans les deux cas mais respectant finalement à la lettre les codes visuels du manga et ce quitte à être totalement ridicule, excessif et probablement insupportable pour la plupart des spectateurs.


Si dans un premier temps tout cela nous laisse perplexe, on finit par se laisser convaincre malgré l'absurdité  des situations et l'excès complet du jeu de Matsuyama, notamment parce que le film va jusqu'au bout de son concept délirant complétement à la masse, sans faire dans la dentelle et sans aucun recule avec le matériau d'origine.

Le script oscille de plus entre deux extrêmes pas vraiment compatibles de prime abord, et via le personnage de Negushi donne dans le fleurs bleue, le mielleux excessivement naïf pour passer à la débauche totale, la violence et la vulgarité verbale avec son deuxième visage de Krauser. Autant dire que pour apprécier ce film il faut donc tolérer les deux malgré le fossé qui sépare ces genres, avoir un peu l'esprit romantique et aimer la provocation gratuite en même temps, pas franchement évident donc de concilier les deux à l'écran et de sauter d'un "Je t'aime promenons-nous dans les bois main dans la main" à "j'ai violé ma mère et j'en***e mon père, tuons nos parents"!

Pourtant c'est là où finalement DETROIT METAL CITY devient intéressant pour le spectateur à la recherche d'originalité, en mariant pour le meilleur et pour le pire deux univers complétement opposés, et en poussant un début de réflexion sur le sujet de la tolérance, car mine de rien le film s'offre une jolie morale sur l'acceptation de ce que l'on ne comprend pas, la peur engendrée par ce qui nous est étranger, même si tout cela est noyé dans une narration frappadingue, des situations absurdes à l'humour typiquement japonais hérité de la culture manga que peu d'Occidentaux apprécieront et comprendront.


Dans un premier temps, on pourrait d'ailleurs hâtivement penser que le film conspue le death métal et ses
adeptes, Negushi détestant la violence et la vulgarité rejette en bloc paradoxalement ce qu'il est obligé de représenter en incarnant Krauser, l'idole grandissante de la scène death metal de Tokyo, sorte de leader malgré lui de toute une jeunesse qui se complait dans le satanisme et le sexe de façon primaire, bestiale et violente, bref tous les clichés poussifs associés habituellement à ce genre musical par les profanes.

Mais en réalité cette suite d'a priori est ici utilisée pour aborder le sujet en sens inverse, car si on regarde bien, Negushi ainsi que les interprètes de variété de manière générale et les fans de pop sucrée nous sont aussi décrits avec beaucoup de raccourcis expéditifs, montrés comme des gens efféminés, niais et à la joie de vivre excessivement utopique...

Negushi est donc tour à tour le symbole de deux visions à l'imagerie qui prêtent souvent à beaucoup de manque de tolérance, à savoir d'un côté un adorateur de variété à la mode demeurée et un peu neuneu, et de l'autre un monstre de foire satanique obscène et infréquentable, mais dans les deux cas la critique est ici constructive puisqu'il s'agit de nous faire comprendre que si on n'adhère pas forcément à un style particulier il n'en reste pas moins que d'autres personnes eux s'y retrouvent sainement avec bonheur et même se faisant rêve grâce à cela.


C'est cette partie qui touche au cœur notamment lors de jolies scènes touchantes faisant intervenir la mère compréhensive et aimante du héros, quand les masques tombent enfin, que Negushi malgré l'incompréhension de l'univers qu'il représente malgré lui avec un certain talent inné se rend compte que ses fans, eux, y trouvent un échappatoire salutaire et vital, une porte vers le rêve, un exutoire qui leur permet de fuir la réalité si rigide.

Il va alors finir par accepter sa condition d'icône, embrasser sa responsabilité vis-à-vis de ses fans et même se battre pour que ces derniers puissent continuer à rêver à travers Krauser II dans une séquence haute en couleur où il affronte musicalement le légendaire Gene Simmon (méconnaissable d'ailleurs! ), un juste retour des choses puisque l'auteur du manga s'est fortement inspiré de KISS pour créer son personnage de Krauser!

Pour ma part, je trouve DETROIT METAL CITY tellement barré et déconcertant que j'y ai trouvé mon plaisir, pas forcément pendant la projection d'ailleurs, mais après, en y repensant le lendemain, en me disant que ce film ne ressemble finalement à aucun autre, qu'il a son propre style, sa propre identité aussi absurde et excessif que cela puisse paraître, une sorte de HANNAH MONTANA trash qui évite le formalisme de ce genre de production pourtant à l'origine destinée à un public jeune ( Kenichi Matsuyama étant une star auprès de la population féminine Japonaise ), maladroit dans sa construction narrative certes, pas forcément délicat avec sa vulgarité qui tranche avec les paroles sirupeuses des chansons favorites de Negushi oui, mais tellement surréaliste qu'on ne l'oubliera pas de si tôt!


Une fois de plus, les fans du manga ont très largement rejetés en bloc cette adaptation ( à commencer par les lecteurs nippons et français) considérant que tout cela est ridicule transposé tel quel, reprochant sa trop grande fidélité à l'œuvre d'origine, ces même fans qui critiquent l'exact inverse concernant d'autres adaptations manga...Mais je les comprends tout de même en un sens, tant DETROIT METAL CITY peut excéder, dépasser les bornes du cabotinage et le seuil de tolérance de bien des spectateurs et ce dès ses premières minutes.

Oui, DETROIT METAL CITY est un film qui peut parfois tourner au ridicule et au grotesque complet mais il y va à fond, et a le mérite de livrer un spectacle totalement inédit et farfelu, outrancièrement foutraque dans sa mise en forme visuelle et narrative à travers le jeu de son interprète principal et c'est tant mieux, car c'est ce qui fait qu'il restera à jamais une expérience singulière, unique en son genre, à part, que l'on y adhère ou pas!


NOTE GLOBALE : 12/20 lors de son premier visionnage et 15/20 le lendemain, pour l'originalité particulière que présente le film lorsqu'on y repense!

Luke Iron Mars

mardi 4 octobre 2011

CYBORG GIRL aka BOKU NO KANOJO WA SAIBÔGU aka CYBORG SHE de JAE-WONG KWAK (2008)


CYBORG GIRL aka BOKU NO KANOJO WA SAIBÔGU aka CYBORG SHE de JAE-WONG KWAK (2008)

Jiro, un étudiant japonais totalement solitaire, s'apprête comme chaque année à fêter son anniversaire seul, le vingtième, et se rend de ce fait comme à son habitude au restaurant où il va dîner pour célébrer cette événement en suivant son petit rituel annuel qui inclut l'achat d'un cadeau qu'il va s'offrir pathétiquement à lui-même.

Il va chemin faisant croiser à maintes reprises le regard d'une magnifique jeune femme au comportement pour le moins étrange, qui de plus semble le suivre et même, chose impensable pour Jiro, s'intéresser à lui.
Elle va s'immiscer dans sa petite célébration solitaire sans prévenir, proclamant que c'est également son anniversaire, et de fil en aiguille va l'entraîner dans une folle nuit inoubliable et atypique puis mystérieusement disparaître après avoir prétendu qu'elle venait du futur!

Un an après, jour pour jour, Jiro va croiser de nouveau la route de cette étrange jeune femme et découvrir sa véritable nature, bouleversant ce faisant toute son existence...


Je dois l'avouer, je n'étais pas très pressé de voir CYBORG GIRL, du fait de son titre à l'intitulé explicitement simpliste et de son affiche faisant apparaître des buildings qui s'effondrent en fond probablement absents du film me suis-je dis, juste là pour apporter un côté dramatique à ce visuel qui semble annoncer clairement un film romantique à l'aspect un peu nunuche, une bête romance gnangnan entre un humain et une cyborg à la sauce Moé, genre très en vogue ces dernières années et qui de plus risquait d'être visuellement peu crédible compte tenu des productions cinématographiques du pays du Soleil-Levant que je venais de me farcir tel que ONEECHANBARA, KYONU DRAGON et autres... C'était mal barré, quoi!

Pressé par un ami spécialiste du Genre, je me suis quand même lancé, mais avec l'idée de l'arrêter immédiatement si tout cela s'avérait être le cas.
La surprise est d'autant plus grande, car figurez-vous qu'effectivement il s'agit bien d'une romance faisant intervenir une cyborg mais que sa mise en forme est proprement charmante, intelligente, étonnante et même visuellement fracassante le tout porté par une narration pour le moins inhabituelle! Explications...


CYBORG GIRL débute comme beaucoup de romance, de façon  très légère, avec une rencontre improbable entre deux personnages que de toute évidence tout oppose, mais le déroulement particulier et les événements font qu'on s'attache rapidement, qu'on est intrigué, surtout par cette étrange et somptueuse jeune femme au comportement si peu orthodoxe.

En plus de faire irruption de manière impromptue dans la vie de Jiro, cette dernière semble complétement ignorer les règles de notre société, et se met à entraîner notre jeune héros dans des mises en situations toutes plus farfelues les unes que les autres et ce dans un laps de temps très court, propulsant le spectateur dans un petit tourbillon de folie irrésistible, le tout porté par  une mise en scène inventive au découpage amusant et joué de façon exemplaire par ses deux interprètes principaux.

C'est d'ailleurs là une des premières forces du film : son casting qui de toute évidence semble avoir fait l'objet du plus grand soin et nous donne l'occasion de découvrir deux acteurs exceptionnellement impliqués dans leurs rôles : Keisuke Koide et surtout Haruka Ayase, ladite Cyborg du titre qui illumine littéralement l'écran par son charisme et son implication.


Une fois cette folle nuit passée, la jeune fille idyllique disparaît telle Cendrillon en tenant des propos pour le moins étranges, et le titre apparaît alors à l'écran, nous faisant comprendre que tout cela, cette rencontre atypique, n'était qu'un point de départ, et que les choses vont réellement débuter!

En tant que spectateur dubitatif, je vais vous avouer que mes a prioris ont totalement disparu avec ce début peu commun! 
On peut dire qu'il y a de quoi être surpris, car cette intro, de prêt de 20 minutes, s'avère à elle seule véritablement intrigante, et de toute évidence semble uniquement là pour capter notre attention, accrocher le spectateur pour le reste du métrage et surtout nous donner envie de comprendre de quoi il en retourne concernant cette jeune fille immanquablement attachante malgré son attitude incohérente.
Le réalisateur semble donc, en plus d'avoir le sens de la mise en scène, avoir une idée très précise de la narration et autant vous le dire tout de suite, il vous faudra attendre la fin du film pour connaître les réponses aux nombreuses questions que cette ouverture pour le moins originale posent!


Une fois le titre passé on rentre enfin dans le vif du sujet, avec le retour de la belle qui se fait cette fois de manière bien plus spectaculaire, dans une séquence qui reprend quasi plan par plan celle de l'arrivée du T-800 dans TERMINATOR de James Cameron, de son arrivée du futur nimbés dans une sphère lumineuse électrique, à sa rencontre avec une bande de voyous qu'elle envoie valdinguer avec une facilité déconcertante en passant par la recherche de vêtements adaptés à notre époque.Les sfx de ces séquences s'avèrent immédiatement convaincants et irréprochables, et nous font dire que décidément ce film ne manque pas de nous surprendre, et ce n'est que le début!

Vous l'aurez compris, étant donné son titre, la plantureuse jeune femme serait donc une cyborg, mais cette fois elle se comporte de façon radicalement différente qu'auparavant, affichant une attitude nettement plus froide et moins sociable, plus violente même, bref les aspects de tout ce qui fait un être de chair et de métal classique hérité de la culture SF tel qu'on la connaît.

Là le métrage prend de nouveau une voie différente et quitte la romance pour aller vers l'anticipation et l'action.On nous explique vite qu'elle a été expédiée du futur pour sauver Jiro par deux fois, la première dans une fusillade au fameux restaurant le jour de son 21em anniversaire et la deuxième... mais ça je ne peux pas vous le révéler car immanquablement je vous gâcherais la surprise de ces scènes liées proprement tétanisantes et impressionnantes, et croyez-moi s'en est frustrant pour moi de ne pas pouvoir vous en révéler plus afin de ne pas gâcher les surprises de CYBORG GIRL!


Sachez juste que la dernière partie du film prend une route incroyablement originale et flirte avec des thèmes qu'on est loin de croiser dans un film de romance traditionnelle, car, et il faut le souligner, CYBORG GIRL est avant tout un véritable film de genre Fantastique qui s'inspire ouvertement mais habilement de nombreux films de cette catégorie comme TERMINATOR et RETOUR VERS LE FUTUR, et n'est pas juste une histoire d'amour, même si cela reste un des éléments majeurs, le fil rouge de cette aventure riches en rebondissements.

Le moins que l'on puisse dire également c'est que le film jongle avec beaucoup de genres, mêlant romance, humour, anticipation, action, drame et même film catastrophe en passant par un petit côté super-héros!
Oui le film traite de sujets maintes fois exploités vus et archis vus au cinéma, oui parfois il brasse des séquences entières de la culture du cinéma de Genre culte, mais son réalisateur Jae Wong-Kwak le fait avec talent et bon goût, en se faisant plaisir tout en respectant et en rendant un vibrant hommage aux œuvres dont il s'inspire, sans s'en cacher, avec intelligence et sincérité pour son audience qui de toute façon reconnaîtra les emprunts sans difficultés.


Jiro est interprété par Keisuke Koide de façon tellement naturelle qu'on se met à s'attacher très vite à lui, faisant preuve d'un jeu subtil mêlant naïveté et fragilité, pas évident pourtant à la base de camper ce type de personnage solitaire paumé à la vie sociale quasi inexistante sans tomber dans l'excès, mais il parvient à garder l'équilibre avec ses mimiques et son physique aux faux airs de Stephen Chow en plus jeune, et nous donne l'envie irrépressible de le protéger, ce que fait la fameuse cyborg.

Mais justement, LA révélation du film vient surtout de la sublime et lumineuse Haruka Ayase, qui s'investit énormément à l'écran et force le respect par son jeu irréprochable étant donné la nature particulière du personnage cybernétique qu'elle interprète et ses contraintes attachées.

Sa démarche, ses mimiques, ses réactions et sa gestuelle liées, Haruka Ayase ne laisse rien au hasard rendant par son interprétation d'une justesse imparable tout cela totalement crédible, montrant que l'actrice a prit à bras-le-corps son rôle avec sérieux et rigueur. Son investissement, son engagement sont indéniables et se voient dans chaque scène, chaque plan où elle apparaît, elle se révèle proprement impressionnante et majestueuse à bien des niveaux!


Il en ressort un film fantastique charmant, extrêmement touchant qui n'est pas sans rappeler ceux des années 80 avec son point de départ anodin et futile qui finalement prend de l'ampleur et se révèle petit à petit au fur et à mesure pour exploser et se dévoiler dans sa dernière partie lors de séquences visuellement spectaculaires, incroyablement surprenante qu'on attend pas dans ce genre de production.

Néanmoins soyez prévenus, le film, malgré ses qualités indéniables, souffre de petites longueurs, de séquences inutiles aussi çà et là qui alourdissent le rythme narratif et c'est fort dommage, car à trop vouloir se disperser, CYBORG GIRL devient par moments un peu indigeste, comme un plat trop garni, trop généreux et copieux dont on sort repu, un peu à la limite de la saturation du fait de ce mélange des genres un peu trop chargé, dont une fin à rallonge mal gérée en terme de durée malgré son intérêt scénaristique légitime.


Mais ne vous méprenez pas CYBORG GIRL reste une petite merveille, une surprise inattendue qui fonctionne à plein tube grâce à une mise en scène inventive efficace et surtout un duo improbable interprété avec conviction de bout en bout par son casting engagé et complétement dévoué à leurs personnages respectifs ainsi qu'au déroulement narratif très surprenant que je ne peux pas vous dévoiler sans vous gâcher les effets de surprises qui d'ailleurs participent beaucoup à la réussite de l'ensemble.

Incompréhensible donc et une honte que ce film n'ait pas connu de sortie en salle chez nous ni même en dvd tant tous les ingrédients d'un gros succès populaire sont pourtant bel et bien présent!
Alors ne passez pas à côté, donnez sa chance à CYBORG GIRL, trouvable en attendant une sortie en bonne et due forme grâce au fan sub via internet, en téléchargement donc... Et croyez-moi sur parole, il mérite nettement plus votre attention que certains métrages sorties en salle ces dernières années à grand renfort de marketing!

NOTE GLOBALE : 15,5/20

Luke Iron Mars