mardi 25 octobre 2011

GEARS OF WAR, ASPHO FIELDS de KAREN TRAVISS (2008, éditions MILADY)


GEARS OF WAR, ASPHO FIELDS de KAREN TRAVISS (2008, éditions MILADY)

En terme d'univers étendu, les éditeurs ont toujours plus ou moins livré des œuvres à l'intérêt mitigé voire complètement inutiles exploitant simplement les licences et franchises à succès pour en tirer le maximum de bénéfices.

Sur ce terrain, les ouvrages liés à la saga STAR WARS, par exemple, ont largement fait école, offrant le meilleur comme le pire-souvent le pire d'ailleurs-tirant sur la corde à outrance, usant à n'en plus finir un filon juteux en mettant de côté la cohérence narrative et visuelle liée aux films d'origines en alignant les aberrations scénaristiques, faisant souvent intervenir des personnages absents des œuvres originales pas forcément appropriés à la saga du papa Lucas.

Du coup, c'est avec beaucoup de réserve qu'on s'attaque à GEARS OF WAR : ASPHO FIELDS, roman s'appuyant sur l'univers du célèbre jeu sur XBOX 360, à la notoriété bourrine reconnue chez les core gamers, TPS (Third person shooter) qui aligne les excès de violence avec splendeur, fureur et extase, mettant en scène des personnages souvent bodybuildés à outrance, au charisme animal brut, loin de tout ce qui peut donner une œuvre littéraire fine, quoi!

Et pourtant contre toute attente Karen Traviss l'a fait, a réussi ce pari  fou, aussi incroyable que cela puisse paraître!


L'histoire de ASPHO FIELDS prend place entre les deux premiers volets videoludiques de GEARS OF WAR, juste après que son héros Marcus Fenix ait atomisé via un train bourré d'explosifs nucléaires le nid des locustes, race vivant sous terre et qui a décidé par l'entremise de leur reine Myrrah de prendre possession de la surface de SERA, semant la mort, décimant la population humaine en faisant déferler ses hordes de créatures plus belliqueuses et monstrueuses les unes que les autres.

Il est donc quasi essentiel d'avoir joué au premier chapitre de GEARS pour pouvoir comprendre et lire ASPHO FIELD, tant les événements sont liés, indissociables de l'histoire du jeu, prolongeant cette dernière et l'étoffant considérablement, en développant non seulement l'univers, son fonctionnement et sa mécanique mais surtout et c'est de là que vient la surprise, ses personnages, pourtant à la base simples avatars de pixels censés juste être là pour justifier les innombrables batailles virtuelles que se livrent les gamers du monde entier.

Karen Traviss dès les premières pages s'attache à nous faire comprendre que l'ouvrage que l'on tient entre les mains est fait pour enrichir l'univers créé par le Cliff Blezinski, Game designer génial à qui l'on doit cette saga, à l'étoffer et surtout le crédibiliser, le rendre tellement vivant qu'on a l'impression de lire un recueil historique sur des événements qui ont réellement eu lieu!

Proprement fascinant de voir ce traitement appliqué à la base scénaristique d'un jeu, même si Bleszinski avait dès le début des ambitions de cette envergure qu'il n'a pas pu développer via les jeux à son grand désarroi, ici reprises et traitées avec tellement d'intelligence qu'on pourrait penser que le jeu est tiré du livre et non l'inverse!


L'auteure semble de toute évidence en terrain connu, et pour cause, elle a été de par le passé journaliste et correspondante de guerre, et donc bien placée pour appréhender cette saga martiale, la comprendre et lui donner du corps, sans oublier qu'elle est de plus un des trois auteurs autorisés à écrire sur l'univers étendu de STAR WARS, parfaitement rodée à l'exercice donc.

Mais malgré tous ces avantages qui lui donnent une longueur d'avance, Traviss fait surtout d'abord preuve de beaucoup d'amour pour GEARS OF WAR, et démontre par le sérieux de ses mots qu'elle considère comme un privilège de s'en occuper, dépassant toutes les attentes du fan, donnant une multitude de détails passionnants sur les protagonistes de l'aventure, sur leur façon de vivre au jour le jour dans un monde ravagé par une guerre sans fin, parcouru par des soldats au bout du rouleau, lucides sur leur devenir et qui se battent avec bravoure pour défendre des vestiges de leur civilisation perdue...

Une œuvre qui s'appuie fortement sur des conflits bien réels que l'on connaît, qui respecte énormément l'esprit militaire, l'explique même, à travers le quotidien au front de ses héros, de ses guerriers de prime abord solides comme des rocs mais qui intérieurement sont blessés et fragiles, avancent sans trop savoir pourquoi, accrochés à de vagues lueurs d'espoir mais qui s'ils s'arrêtaient devraient faire face à l'horreur de leurs vies brisées, à la réalité de l'absurdité de cette guerre.

Magnifiquement raconté, ASPHO FIELDS est de plus structuré de belle manière, passant d'une période à l'autre de la vie des intervenants, de l'enfance de Marcus et Dom aux fameuses Guerres Pendulaires pour revenir au présent, au conflit contre les Locustes, nous expliquant comment les deux célèbres COG sont devenus d'indéfectibles amis, de véritables frères, des soldats inséparables, nous montrant leurs premiers pas en tant que combattants, révélant ce faisant les caractères et donnant les raisons de ce qu'ils sont devenus aujourd'hui.


Passionnant, touchant, bouleversant de découvrir comment Dom a rencontré sa Maria, de voir son entrée dans les commandos pour subvenir aux besoins de sa famille (ce qui explique la présence du personnage jouable en multi de "Commando Dom" dans GEARS OF WAR 3), son apprentissage de la vie martiale et ses rapports avec son frère ainé Carlos et son ami Marcus, puis ses pensées pour ses enfants décédés et sa recherche de Maria disparue depuis plus de dix années, ses espoirs de la retrouver enfin...

Impossible de ne pas ressentir de la  tristesse pour tous ces destins détruits par la guerre, ni d'empathie pour ces hommes et ces femmes tant Traviss fait preuve de sensibilité, de justesse en les décrivant, s'attardant même sur les personnages secondaires du jeu, ici travaillés au même niveau que les cinq héros de la Delta Squad que l'on croyait bien connaître, propulsant le monde de Cliff Bleszinski vers les cimes de la perfection.

Mais attention, on parle bien de GEARS OF WAR dans ASPHO FIELDS, et l'auteure n'en oublie évidemment pas ce qui fait la particularité du jeu du studio EPIC GAMES : la brutalité de ses séquences de combats féroces, faisant couler la sueur et le sang dans des séquences tétanisantes d'une violence inouïe héritée de son modèle graphique, appuyée par des textes aux descriptions méticuleuses jusque dans ses moindres détails parfois purement technique, comme pour l'utilisation du célèbre fusil d'assaut Lanzor et sa tronçonneuse par exemple, retranscrivant parfaitement les sensations inhérentes au gameplay, synthétisant avec génie la hargne et le foutoir des affrontements en mode multijoueur, les transposant dans son récit avec véracité pour nous propulser au cœur de l'action.


Tout simplement ultra jouissif, surtout que Karen Traviss intègre également parfaitement et avec beaucoup de style et d'humour, sans vulgarité, le franc-parler de nos chers COG, le langage coloré et fleuri représentatif des soldats de la Delta Squad.

Difficile de faire mieux, car franchement de mémoire je n'avais jamais pris autant de plaisir en lisant un ouvrage lié à une saga que j'aime... Non mieux, le livre de Karen Traviss en devient la Bible, la références ultime, à tel point d'ailleurs que le troisième volet sur XBOX 360 intègre un nombre incalculable de ses idées et créations, un juste retour des choses vu le travail qu'elle a abattu.!

L'auteure KAREN TRAVISS, lors de la soirée de lancement de GEARS OF WAR 3

Si vous êtes vraiment fan de GEARS OF WAR, impossible pour vous de passer à côté de cet ouvrage,  tant son contenu est exceptionnel et enrichira votre passion pour l'univers de Cliff Bleszinski, surtout que pour l'instant seuls les deux premiers ouvrages développant l'univers de GEARS ont été traduits en France, les suivants n'étant pas prévus visiblement car les ventes n'ont pas été concluantes... En achetant ces livres vous pousseriez l'éditeur à traduire les suivants.

Si vous ne connaissez pas encore le jeu, il est temps de vous y mettre, car ASPHO FIELDS est tout simplement de plus un des meilleurs livres SF de ces dernières années!
Alors comme dit Marcus Fenix avant de faire rugir sa tronço : "LET'S DO THIS!"

NOTE GLOBALE : 19/20

DÉDICACE À ABSOLUTE " Triple kill à la Gre" BATMAN

Luke Iron Mars

4 commentaires:

  1. A voir, lors de mon prochain passage à la Fnac.

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  2. Désolé Luke mais moi et les jeux vidéos ça fait deux... :(

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  3. Faut voir. Si je ne revends pas Gears 3 d'ici les prochains jours, why not. :nerd:

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  4. :D J'y crois pas 2 secondes que tu vas revendre GEARS 3, tu es classé 358 mondial en Teamdeath XD et tu passes tes nuits dessus!!! Sacré Absolute :)

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